Les pique-niqueurs du dimanche – Elisheva Engel 1949 – Fondation Giannada
L’obésité est caractérisée par un excès de masse grasse. Cela peut être révélé par certaines balances capables de mesurer le pourcentage de matière grasse. Ce pourcentage varie suivant que vous êtes un homme ou une femme, votre age et bien sûr vos apports en fonction de votre niveau d’activité ! Connaissant votre poids et votre taille, vous pouvez aussi calculer votre indice de masse corporel (IMC ou BMI, en anglais) par le rapport poids (en kg) divisé par le carré de la taille (en m). Ce paramètre est un indice qui révèle si vous êtes en surpoids (entre 25 et 30), maigre (< à 18,5) ou obèse (>30), les valeurs de références étant de 18,5 à 25. Il est préférable d’avoir une balance qui mesure le taux de graisse car généralement, elle vous donne également la quantité de muscle, d’eau et d’os. Ceci pour ne pas avoir l’excuse de dire que vous avez de très gros os qui sont responsables de votre surpoids… Vous pouvez aussi mesurer votre tour de taille (voir là) qui doit être préférentiellement inférieur à 102 cm pour les hommes et 88 cm pour les femmes.
Pourquoi c’est important ? Parce que l’obésité entraine des conséquences pour la santé et réduit considérablement l’espérance de vie. Les causes sont complexes mais au-delà des interaction génétique-nutrition (voir ici), des facteurs environnementaux de toutes sortes semblent impliqués dans l’installation de cette maladie chronique qui se traduit par des troubles parmi lesquels on trouve l’hypertension artérielle, le diabète de type 2, les anomalies des lipides (cholestérol), les atteintes cardiovasculaires, les troubles articulaires, du sommeil et les cancers. Rien que ça !
Les baigneurs, Niki de Saint Phalle – Fondation Giannada
Si pour la majorité des conséquences médicales, les données sont bien établies, l’association avec les cancers vient tout récemment de bénéficier d’arguments épidémiologiques (voir résumé ici). En utilisant des données recueillies au niveau mondial, cette toute récente étude (article en anglais, là) vient de proposer que pour des adultes d’âge supérieur à 30 ans, 3,6% des cancers survenus en 2012 sont attribuables à un IMC élevé. Plus du quart des cancers sont reliés à un IMC élevé dans les pays de l’Amérique du Nord, de l’Europe du Nord ou de l’Ouest ! Les pays de cette zone regroupe à eux seuls plus de 66% des cancers recensés dans le monde.
Cette situation est d’autant plus inquiétante que le surpoids et l’obésité sont en constante augmentation depuis les années 1980. Au niveau mondial, plus du tiers de la population est concerné par l’excès de poids et 12% par l’obésité. Même si le taux d’obésité moyen chez les américains adultes est de 34,9%, et 68,5% sont en surpoids ou obèses (ref. ici), on observe une certaine stabilisation aux USA alors que les progressions sont fulgurantes pour l’Amérique latine, les Caraïbes et l’Afrique du Nord. En France, les études récentes (Obepi) varient sensiblement mas il faut retenir que plus de 30% de la population serait en surpoids avec 16% d’obèses même si elle s’auto-estime globalement en bonne santé. Le pourcentage d’obèses est plus élevé chez les inactifs (20%) et chez les 50-64 ans (21%). Les obèses sont moins assidus aux activités sportives, seulement 49% affirmant s’adonner à une activité physique ou sportive. Les principaux freins à la pratique sportive sont le manque de temps (36%) et l’absence de motivation (33%). Étonnamment, près de 15% déclarent que le manque d’argent est à l’origine de leur absence de pratique sportive alors que prendre ses chaussures et aller marcher/courir ne coûte rien !
Grignotage, repas sautés ou avalés à toute vitesse, budget réduit consacré à l’alimentation font partie de mauvaises habitudes généralement relevées par les enquêtes. Pour les jeunes, l’alimentation ne constitue pas un poste de dépense prioritaire, le smartphone et l’habillement passant largement devant la qualité et la quantité de l’alimentation.
Il faut souligner qu’il a été mis en évidence une corrélation très significative entre le nombre de restaurants McDonald’s et la prévalence de l’obésité dans le monde (voir ici).
Comme entre les différents pays, la fracture sociale existe également en matière de surpoids : la proportion de jeunes en surpoids ou obèses est d’un sur dix dans les ménages les plus aisés (revenu net mensuel supérieur à 3 000 euros, ce qui représente 10 % des foyers en France), alors qu’elle est d’un sur quatre parmi les foyers les plus modestes (revenu net mensuel < 1 250 euros, soit 26 % des foyers).
Il faut cependant rappeler que le nombre de cancers attribuables à l’obésité est inférieur à ceux causés par les infections et le tabac, responsables à eux seuls de plus de 36% des tumeurs.
La lutte contre l’obésité est donc un réel problème de santé publique et ce qui est regrettable, c’est que dans de nombreux cas, il serait possible d’agir par des politiques de prévention incluant les industries agroalimentaires, les municipalités et des améliorations des comportements individuels.
L’élimination ou la réduction de seulement six facteurs de risque pour la santé permettrait d’empêcher ou pour le moins de retarder un grand nombre de décès prématurés. Chacun connaît ces mesures simples en association avec la nutrition et l’activité physique qui ont toute leur place: réduire la consommation de tabac, limiter de 10 % celle d’alcool, réduire de 30 % l’ingestion de sel, diminuer de 25 % le nombre de personnes hypertendues, lutter contre la sédentarité et bien entendu limiter la hausse du nombre de patients obèses et diabétiques de type 2.
En fait, sans succomber aux sirènes de régimes ésotériques souvent par manque d’information, cela ressemble à un style de vie tout simplement plus sain au quotidien !